lundi 6 octobre 2008
Un fonds commun
« Le cœur de l'homme vierge est un vase profond.
Lorsque la première eau qu'on y verse est impure,
la mer y passerait sans laver la souillure,
Car le vase est immense, et la tache est au fond »
(Alfred de Musset )
Si vous prenez ça au pied de la lettre, vous allez vous récrier :
« c'est n'importe quoi, ça n'a rien à voir »
C'est vrai, mais si l'on considère l'image en la rapprochant de toute activité humaine, cela peut aller loin.
Et, s'agissant de langue, « il faut s'attendre au pire » ...
On le sait depuis très longtemps.
Jusque là, ce ne sont que des citations.
Alors, quand Florence m'a dit qu'elle avait inscrit son petit garçon à la Calandrette, et que je lui ai signalé les difficultés qu'on peut avoir pour communiquer d'une région à l'autre, elle m'a répondu :
« Mais il doit bien y avoir un fonds commun ! »
Vous voyez, même le titre n'est pas de moi !
René Castel – 24-09-2008
Peut-on résumer 3 ans d'impressions et de réflexions ?
Un côté humain : la parole pour tous
humain = artistes, inventifs, parfois instables (évolutifs)
Un côté technique : pour les spécialistes
technique = tendance à cadrer et règlementer (conservatisme)
Les deux devraient se compléter et s'équilibrer
Plus de technique = moins d'intérêt humain (peut-être moins de locuteurs ?)
Régionalismes = déformation + particularismes + retour des substrats + dialectes
La langue parlée s'est conservée presque 10 siècles, grâce à l'oralité, mais avec déformations.
En résumé, depuis les Félibres :
Découverte et mise en lumière des trésors occitans
Inventaires, analyses, études = archéologie + histoire
Calandrettes + écoles = publication des résultats pour reproduction à l'identique par le grand public
Note :
Un parallèle est vraiment saisissant :
avec découverte + conservation des grottes de Lascaux + Ekain ... et autres .
Et maintenant. Nous en sommes là. Faut-il en rester là ?
Communication entre régions :
comment revenir vers une intercompréhension immédiate pour tous ?
Peut-on miser sur l'oralité ?
Si elle a permis et peut être facilité les différentiations, elle devrait pouvoir nous aider à revenir vers un FONDS COMMUN.
René Castel – 22-09-2008
Tombé dans la marmite à la naissance
Tombé dans la marmite à la naissance, locuteur naturel pendant plus de 30 ans, je me retrouve, après une éclipse d'un demi siècle, replongé dans le brouhaha d'une affolante Occitanie moderne où la langue n'est plus un moyen de communication et où personne ne sait ni ne peut dire quel rôle elle peut jouer.
Les Occitans se réunissent pour manifester au nom d'UNE langue (1) alors que chaque région s'est organisée pour enseigner son dialecte. La langue, bien qu'émiettée par les particularismes s'est quand même conservée vivace durant presque dix siècles et ceci grâce à une oralité vigoureuse et communicative. (2)
Et maintenant, que peut-on et que veut-on en faire ?
Désolé, je ne vois pas un large éventail de possibilités :
Une langue de culture (morte), dont des spécialistes nous feront revisiter les richesses d'un splendide passé.
Solution immédiatement applicable, tout a déjà été fait : inventaires, lexiques, dictionnaires, grammaires, méthodes, thèses de comparaison et de correspondance, spécialistes déjà formés et filières de formation et de reproduction, marché de diffusion ... et le journal la SETMANA, une mine et un remarquable outil pour érudits et chercheurs.
Tout est tourné vers le passé ... Rien vers le futur. Les derniers locuteurs naturels sont une espèce en voie de disparition très prochaine.
Il est peut-être déjà trop tard !
Une langue vivante de communication pour tous.
Il faudra beaucoup de nouveaux locuteurs pour lesquels nous devons travailler de toute urgence à leur faciliter l'acquisition de valeurs communes qui puissent leur redonner le sentiment et la fierté de faire partie de tout un peuple.
Cela doit repasser par une oralité vigoureuse et communicative, celle-là même qui a conservé la langue durant des siècles.
Et si cette oralité a permis les particularismes qui semblent nous diviser maintenant, elle devrait permettre de retrouver dans la richesse des lexiques qu'on voudrait nous faire avaler empilés les uns sur les autres, les mots simples et cordiaux qui peuvent nous réunir pour nous comprendre tous directement. (3)
Le retour par la parole à un lexique commun de base doit certainement rapprocher la graphie de l'oralité, car il y a beaucoup à faire, là aussi, et suggérer rapidement les vocables des différents dialectes qui pourront être étudiés par la suite. Il sera sans aucune doute plus facile d'aller de ce « fonds commun » utilisable vers les variantes que de faire l'inverse et, de toute façon, ce n'est pas aux gamins des calandrettes de faire le travail qui nous incombe.
Les calandrettes fonctionnent depuis 25 ou 30 ans. Ce fonds commun essayé au départ, plusieurs générations pourraient déjà nous en parler.
Voir Fonds Commun Occitan 3-1
Voir « mes parents m'ont transmis » 2-3
Voir « L'oralitat » 4-4
dimanche 29 juin 2008
L'OCCITAN : la langue du Sud de la France
Et les CALENDRETTES, les écoles pour les tout-petits, les futurs néo-locuteurs qui ne veulent rien savoir de l'OCCITANIE au sens large, ni faire savoir dès le départ que les premiers rudiments de la langue les font déjà appartenir à tout un peuple de quelque 20 millions d'occitans.
"Mais, il doit bien y avoir un FONDS COMMUN !" entend-on dès qu'on aborde ce sujet. Quelqu'un, et peut-être beaucoup, ont déjà formulé cette question. Y a t-il eu une réponse ? Laquelle ? Quand ?
L'Occitan, qui a succédé au latin comme langue de communication plus commode et plus efficace pourrait-il encore jouer ce rôle au 21ème siècle ?
Le succès de la "SETMANA" qui présente les divers dialectes de l'occitan juxtaposés dans la même édition nous donne à penser que la solution de l'intercommunication entre régions est acquise, surtout après les recherches de haut niveau effectuées pour avoir la clef du passage d'un dialecte à l'autre.
Nous avons maintenant une graphie commune (la graphie des troubadours). Mais nous sommes maintenant au 21ème siècle avec téléphone, fax, internet, textos, SMS, …
Les "grands" (avec bac "+2" à "+70") sont contents et n'éprouvent aucune difficulté pour passer d'un dialecte à un autre, mais les tout jeunes néo-locuteurs (le futur de la langue) sont déjà nés au 21ème siècle, et déjà passés par les Calendrettes …
Les réunions générales où il faut s'exprimer assez vite se tiennent toujours en français, notre seule langue commune (en France), alors que les manifestations occitanes se revendiquent d'UNE langue.
Peyre BEC, dans son "HISTOIRE DE LANGUE OCCITANE" parle d'une KOINÉ dont se seraient servi les Troubadours, les variantes régionales venant des copistes adaptant la diffusion chacun à son terroir, ce qui l'a conduit à rédiger toute une suite de méthodes d'apprentissage destinées à chaque région. Il n'a pas été le seul d'ailleurs, car depuis avant MISTRAL, la littérature Occitane s'est fantastiquement et magnifiquement enrichie. On ne peut que rester admiratif devant cette immense ressource pour les littéraires et les chercheurs qu'elle a suscités, et pour les amateurs dont elle fait le bonheur.
Mais dans tout cela, il s'agit bien de revisiter un passé, immensément riche, un passé qui intéressera peut-être un jour les gamins des Calendrettes, s'ils continuent d'élargir et de pratiquer ce à quoi ils auront été initiés.
Et si l'on veut vraiment utiliser la langue pour son usage naturel (la communication entre personnes) ne vont-ils pas être gênés et même entravés par ce phénoménal foisonnement, cette multiplicité de termes, de mots, d'expression quelquefois identiques d'une région à l'autre, mais bien souvent différents soit dans la forme, soit dans le fond, soit dans la signification, ou dans l'usage …
Ce qui, dans tout tentative de conversation oblige à réfléchir très vite à ce que l'on a cru entendre, puis à ce qu'il faudra répondre.
Dans ce monde en si rapide évolution cela sera très vite impraticable.
Alors ?
Il faudra bien acquérir des vocables et des réflexes qui permettent de véritables conversations, en attendant d la communication écrite.Et surtout le sentiment de faire partie d'UN grand peuple, tout en bavardant avec le voisin, dans la langue du village.
Il ne s'agit surtout pas de l'abandonner, celle-là, qui fait partie du patrimoine du village, de la famille, de la région …Mais de connaître ce fonds commun qui doit être le patrimoine de toute l'Occitanie et qui devrait nous faire bien ressentir que nous faisons partie de tout un peuple .
Les quelques questions que j'ai pu poser de personne à personne ne m'ont jusqu'à maintenant pas apporté de réponse satisfaisante, mis à part "il doit y avoir un fonds commun" qui revient chaque fois et que je reformule moi-même.
Aussi je profite de nos moyens modernes pour faire subir mes questions à un public beaucoup plus large.
1. Cette question est -elle saugrenue, stupide, inutile ?
2. Quelqu'un se l'est-il déjà posée, ou l'a t-il déjà posée; Qui ? Quand ? Comment ? Avec quel résultat ?
3. Faut-il la reposer ? Comment faudrait-il le faire ?
4. Vos avis seront très appréciés. Merci d'avance, bien cordialement.
5. Ils serviront à reformuler les questions suivantes qui ne vont pas manquer de se faire jour, logiquement.
Un vièl raunhòl,
René CASTEL
L'OCCITAN : plusieurs langues
D'où un capital d'une richesse inégalable pour les érudits et savants qui se penchent dessus, mais, en contrepartie, l'aspect d'une décourageante Tour de Babel pour les jeunes qui désirent l'aborder.
A l'époque du renouveau (19 ème siècle) on ne voyageait pas encore beaucoup, et chaque terroir pouvait vivre avec "sa" langue, même après 14-18.
Mais 39-44 est venu bouleverser les contacts, et la période suivante apporter une explosion de moyens de déplacements et de communication.
D'où l'état des lieux que nous avons vu se concrétiser au cours de cette semaine : richesse pour les érudits, problèmes pour les "jeunes" bien souvent présentés sans aucune logique) [ Saussure ne parle t-il pas déjà de l'arbitraire de la langue ? ]
Je pense alors au petit élève de la Calendrette qui a des grands parents, des cousins ou des copains à l'autre bout de l'Occitanie, et avec lesquels des mots qu'il aura appris ne lui seront d'aucune utilité, parce qu'ils ne seront pas immédiatement compris.
Il n'aura plus grande envie d'utiliser son Occitan tout neuf, à moins d'avoir déjà une vocation et une volonté bien accrochées. En tout cas il risque de n'en être jamais très fier.
Les mots utilisés par des enfants ne doivent pas remplir un gros dictionnaire, et ils les acquièrent bien verbalement avant de savoir lire, puis écrire (oralité première).
1 - Ne serait-il pas possible d'avoir un petit lexique de base qui leur faciliterait leurs premiers contacts sociaux ?
Par la suite, très rapidement, cette base pourrait s'élargir en y adjoignant quelques particularités, soit de compréhension directe (graphie similaire + oralité très voisine) soit très rapidement assimilables, en s'appuyant toujours sur l'oralité, ce qu'on apprendrait par la graphie n'étant que la concrétisation de l'oralité.
Puis, après quelques exercices de prononciation qui peuvent retrouver le même sens à des termes que la graphie fait apparaître moins différents.
On doit pouvoir imaginer les développements possibles à une telle démarche.
Nous ne pensons pas inventer quoi que ce soit. Nous voudrions seulement aborder le problème de notre émiettement par tout ce qui peut nous REUNIR (on doit bien trouver cela dans le patrimoine si riche de la langue) pour arriver ensuite progressivement aux particularismes et aux subtilités des divers terroirs, ce qui donnera à ses élèves ainsi entrainés une vue plus panoramique de la langue en leur permettant de comprendre son unicité sur toute l'Occitanie, et de jouer de ces particularismes suivant les interlocuteurs avec lesquels ils se trouveront.
Après cela, l'ouverture vers des études d'un autre niveau, et vers d'autres langues, ne doit pas faire de doute.
D'autres y ont déjà peut-être pensé, de tels lexiques de départ, puis de développement progressif existent peut-être déjà.?
2 - Est-ce le cas ?
3 - Si oui, sont-ils accessibles ?
4 - Pouvez-vous nous faciliter des contacts avec de gens s'orientant vers cette démarche ?
L'ORALITAT
A comunica, nú ? , entre personas que se comprenon, çó que vòl dire que la qu'entend las paraulas de la que parla comprend immediatament çó que pensaba la que parlaba.
Acó me sembla qu'és la prumièra forma de la lenga : metre sas idéias en una forma que se posque comunicà a una autra persona, directament e naturèlament (oralament) ...
Pensi qu'es acó que s'apèla l'ORALITAT.
Disi pas tot acó per començà una novèla teoria linguistica. Trovarém un tropèl de specialistas que s'en faràn un plasé.
Mès pensi que serià pla ora de considera en qu'un estat trobam auèi la lenga de nostra Occitania, que se dis que va del Atlantica al nort d'Italia e dempèi lo nivel de Borges juscas a Catalunha, Baleares e pla mai.
Justament, dempèi que s'en ocupon tant, nos dison que i a mai et mai de monde per parlà Occitan.
Mès, per lo comprendre ? D'un cap a l'autre de l'Occitania ?
Anguères a Carcassona, i a pas pla temps. Fosquèt un jorn de fèsta e de gloria. Se trobà tantis dins una amasada d'aquela importança, per dire tan fort que voles totis l mèma causa, es quicon de veritablament extraordinari, e d'un enorme encorajament per totis !
Aquela demostraciu d'un tal enavans de tot un poble marcarà, pla segur !
Es vertat que i a une cantitat de móts que se podon comprendre, immediatament : los que son identics ó pla vesis.
Mès, a part acó, n'i a tantis que, a part d'esse un specialista ú d'avé fatsis pron d'estudis per los avé totis immediatament en memoria, nos demandaràn un minimum de reflexiu per comprendre çó que se dis, tot en perdent lo fièl de la conversaciu. Se nos cal pas un diccionari que nos torne fà passà per Francés, que, finalament, és nostra sola lenga cocmuna per comunicà.
Avèm, ara, sabi pas quantas de metodas per aprendre l'Occitan, e cada une, comensent per anonça las particularitats de la lenga que vol ensenha que, pla segur, vesi pas cal podriá fà tres passes dins aquel forbic sans se trabà.
I a pas beson de cercà pla lessa : i a pas qu'a sautà Garona per se fisà que, d'un costat a l'autre del riu, se trabucá dejà pla, mèmes en damorent dins un sol departament (pensi al 82, lo méu).
Ba sabi, qu'vèm, noss autres Occitans, de diferenças de prononciaciu, mès se ba complicam enquèra mai, e sustot se fasème de biais qu'aquelas diferenças aparesquon enquèra mai marcadas, mai accentuadas, damoraràn mai e mai definitivas, e nos tirarém pas jamai d'quela situaciu.
Ma fà pla pena d'escriure tot acó (l'escritura, ne caldrà bé parlà, un autre cóp), mès se contumiam de nos presentà coma las tribus de nostres paires de l'Antiquitat (nos ancêtres , les gaulois ...), en grupas pla individualistas ... totis aquels que se trufon dejà de nos autres ... e de nostre patoès ...
Avès dejà fats un trabàl enorme ... Cal pas que se pèrde.
René CASTEL 03.12.2005
Mes parents m'ont transmis ...
- ORALEMENT, sans écriture, sasns livres, sans diplômes,
- une langue que leur lignée avait conservée en bon état, durant plus de 8 siècles, à tel point que CAYROU et PERBOSC ont pu encore en faire bon usage.
- Une langue vivante, dont je me suis servi, tout naturellement, pendant plus de 35 ans, et dont je me sers encore, tout naturellement, avec des compagnons de mon âge et de mon terroir, qui la parlent encore, telle quelle, tout naturellement.
J'ai eu beaucoup de chance de tomber dans la marmite en naissant, car mon bilinguisme d'origine (j'ai commencé à apprendre le Français entre 4 et 5 ans) m'a été extrêmement utile pour connaître d'autres langues pour mon activité - quand même tournée vers la technique et l'industrie . Je n'ai jamais eu besoin d'interprète.
Nous avons eu à Bordeaux une semaine de colloques avec l'OCCITAN pour objet. Certains passant leur temps à "plumer les mouches" qui s'accumulent sur une langue presque morte, mais d'autres se montrent très vivants et réveillent des espoirs. La TABLE RONDE "L'ORALITE" m'a réveillé, excité, même.
Nous ne sommes plus que quelques uns, une espèce en voie de disparition très prochaine. Il existe encore des sons, des mots, des termes, des expressions qui composaient la langue d'avant 1950, que l'on ne pourra pas réinventer, car l'oreille, les sons, l'accent s'acquièrent dès les premières années de l'existence.
Beaucoup de tout cela a déjà été noté, soigneusement enregistré, mais j'ai vu qu'il était possible d'obtenir sur Internet l'écriture et le son en même temps, et même de présenter ces enregistrements en parallèle.
Ceci ne faciliterait-il pas la recherche de tout ce qui nous réunit au lieu de commencer par mettre l'accent sur les particularités propres à chaque terroir et qui nous divisent ?
Je reste convaincu qu'il y a encore quelque chose à faire, mais si nous continuons de manifester en 7 ou 8 groupes de langues concurrentes, on ne nous prendra toujours pas très au sérieux.
René CASTEL 25.11.2005
samedi 28 juin 2008
Impressions d'un vieux locuteur de naissance
Elle a été conservée VIVANTE, jusqu'à ce que l'Education Nationale Française (qui n'éduque plus rien depuis longtemps, d'ailleurs) atteigne les buts de son mandat : éradiquer tous ces patois, et en purger le seul idiome admissible, le Français, qui refuse de reconnaître d'où il vient et qui il a copié, mal, souvent, pour se mettre en contradiction avec la culture de nos régions.
Bien bichonné par l'Académie, bien perfectionné par les spécialistes, le Français en arrive à la situation dramatique actuelle, dans laquelle on commence à nous imposer une autre langue étrangère de communication internationale "plus technique et plus utile" puisqu'on ne s'intéresse plus à la poésie et à la culture qui deviennent inaccessibles.
Attention à nous, maintenant : depuis des dizaines d'années, notre langue n'appartient plus au peuple, lequel n'en pas grand chose à faire, puisqu'il a eu le temps d'apprendre une autre langue de communication plus large, "plus technique et plus utile" !
Le point de départ de ces deux mouvements me paraît présenter une certaine simultanéité. Autour de 1950, peut-être ?...
Mais elle est devenue une mine, un énorme chantier de fouilles archéo-linguistiques : pouvoir assister en "temps réel" à l'agonie d'une langue qui a couvert 10 siècles de l'histoire de tout notre Occident. Le monde entier se presse pour le spectacle, avec tout l'outillage dont on peut disposer maintenant, en cette période où la langue n'est presque plus vivante, ni tout à fait morte.
Tout le monde regrette, bien sûr, de n'avoir pas été là, avec les mêmes moyens, quand la même chose est arrivée au latin, quand il a été assez perfectionné pour devenir inaccessible au peuple et qu'il a fallu le remplacer , pour que les prêtres puissent parler au peuple, par une langue néo-latine plus simple qui a rapidement couvert tous le monde romain et chrétien.
Ainsi serait née note langue-mère, en passant par le "Latin d'Eglise" et le "Latin de Cuisine".
En même temps ... les grandes invasions des barbares qui n'en pouvaient plus de crever d'envie de se précipiter sur ce monde de paix et de prospérité.
Est-il vrai que l'histoire se répète ? ...
J'ajouterais volontiers "Ne fais pas aux autres ... "
C'est cette oralité qui a permis à 100 ans de générations successives de se transmettre, et de nous transmettre une langue toujours vivante, puisque encore utilisée en 1950, a aussi permis des évolutions régionales et locales très individualisées (on ne voyageait pas beaucoup), d'où tous les dialectes que nous retrouvons dans nos différents terroirs, maintenant regroupés en 8 ou 10 variantes régionales.
Le Félibrige, en marquant le Renouveau , a aussi lancé le mouvement vers l'écriture, ce qui a abouti à fixer et accentuer ces différences.
ORALEMENT, les locuteurs de différents dialectes ne se comprenaient-ils pas sans difficulté d'une région à l'autre .... ?
Vouloir passer par l'écriture crée un obstacle très difficile à franchir pour qui n'a pas fait d'études assez poussées en Occitan. Même l'écriture de son propre dialecte en bloque aussi l'expression (constatations personnelles).
Je citerai une amie, locutrice de naissance, excellente oralement, qui trébuche douloureusement dès qu'elle essaye d'écrire les poésies qui lui viennent , au point de bloquer toute son inspiration. C'est bien dommage. Oralement, elle a remporté plusieurs concours car elle des choses à dires.
Tout cela m'amène à regretter l'époque des Troubadours et des conteurs ...
Alors ? ... je n'arrête pas d'exposer des impressions personnelles. Fausses questions peut-être ? mais d'autres se les sont peut-être déjà posées ...La table ronde sur l'ORALITE, (Colloque AIEO-BORDEAUX, du 16-9-2005) a déclenché des séismes chez moi. J'ai fini par me persuader qu'il y a quelque chose à faire de ce côté-là pour redonner un peu de vie à cet Occitan que certains ont déjà qualifié de "langue morte" . (J'ai déjà entendu prononcer ce terme et je ne l'oublierai jamais).
D'où un projet, inutile peut-être,que j'expose en idées de base. D'autres ont eu déjà des idées semblables, j'en ai vu quelques exemples.
Pourrions-nous jouer ensemble ? ...
Car il paraît qu'il ne faut pas compter sur les autres, surtout en regardant trop vers le haut. Cette langue, que nous ancêtres ont fait suivre bien vivante, jusqu'à nous, ce sera à nous de souffler dessus, pour en ranimer la flamme.
Comment dit-on "la BELLE AU BOIS DORMANT", en Occitan ? ...
René Castel - (Renat de l'Estaca)
L'OCCITAN - Ebauche d'une démarche
C'est le premier aspect du génie de cette langue.
En contrepartie, ces oralités parallèles (diachronismes parallèles) ont provoqué les déformations et les particularismes que nous constatons maintenant, tout en permettant un foisonnement d'une richesse inouïe.
Cette oralité devrait permettre aux occitans de conserver cette richesse, tout en l'utilisant pour se comprendre entre eux, de bout en bout de leur territoire.
Démarche envisagée, basée sur l'oralité :
1 - acquisition de termes identiques
2 - acquisition de termes similaires, analogiques
3 - acquisition de termes équivalents
4 - acquisition de données étymologiques, dérivées ...
septembre 2005 : premières réflexions
l'écriture n'est que la fixation de l'oralité"
"Ne vouloir connaître une langue que par l'écriture,
c'est vouloir connaître quelqu'un
en regardant sa photo au lieu de regarder son visage "
"Bien connaître une langue passe donc d'abord par l'oralité"
(Michèle Oliviéri : introduction à la Table Ronde "l'ORALITE"
VIII ème Congrès AIEO, Bordeaux, 16-9-2005 )
Mon parcours
- Né en 1926, au milieu des bois de VAISSAC, dans le Tarn et Garonne
- 3 ou 4 ans sans aucun contact avec le Français
- Puis école : rudiments de français à Nègrepelisse, Ecole élémentaire Ste Thérèse, certificat d'études à 10 ans et demi.
- Un an au collège à Caussade
- 6 ans au Lycée à Montauban (les années de guerre)
- Classes préparatoires : 1 an au lycée de Toulouse, et 1 an au lycée de Bordeaux
Jusqu'en 1955-60, usage de l'OCCITAN dans la vie quotidienne. Puis, au retour de mon frère d'Algérie, je quitte le Tarn et Garonne pour travailler dans l'industrie, ce qui m'oblige à une coupure avec l'Occitan. Mais, je continue toutefois à le pratiquer plus ou moins avec ma mère, et mes frères et sœurs, lorsque nous nous retrouvons ...
Usage d'autres langues : Anglais, Espagnol, Italien.
Connaissance d'autres : Scandinaves, Allemand, Roumain, Grec.
2003 - Je "retombe" dans l'Occitan par la participation à des réunions en Gascon qui me semble une langue étrangère ... !!!
Ceci après donc une expérience particulière d'une "éclipse" d'à peu près 45 ans ...